Découvrir son paysage intérieur
Le Yin yoga, ce yoga de la lenteur, nous invite à ressentir les choses et à observer. En prenant ce temps qui nous est offert (ou imposé) dans l’immobilité des postures, nous pouvons à loisir nous promener dans notre corps à l’écoute des sensations et des ressentis.
La pratique du yin yoga est donc une invitation à se mouvoir dans ce paysage intérieur et à mieux en apprécier les contours. Les postures sont l’occasion de cerner et de ressentir le fonctionnement de nos tissus, les fameux fascias qui donnent sa forme à notre corps.
Qui sont les fascias ?
Avant de continuer, une petite définition s’impose. Qui sont donc ces fascias qui généralement nous bloquent dans nos postures ?
Les fascias sont des tissus conjonctifs qui englobent nos muscles et nos organes. Ils aident à maintenir l’intégrité structurale du corps, sans eux, nous nous effondrerions littéralement.
Prenons l’exemple d’une orange : la pulpe est entourée et parcourue d’une petite peau blanchâtre. La partie extérieure de l’orange, l’écorce est une peau plus dure. Tout comme l’écorce, les petites peaux blanches permettent à l’orange de garder sa forme.
Principales fonctions des fascias :
- Définir la forme du corps : ils protègent et soutiennent le corps
- Approvisionner les organes : ils permettent les échanges sanguins, lymphatiques et nerveux
- Assurer la proprioception : quel que soit le mouvement ils sont responsables de la transmission de la force et du degré d’étirement. Ils transfèrent la force de certaines fibres musculaires et permettent aux muscles de glisser les uns sur les autres.
Bref ils sont incontournables !
Comprendre ce qui bloque le mouvement
Ne vous est-il jamais arrivé qu’en entrant dans une posture (prenons l’exemple d’une flexion avant), vous ne vous sentiez tiré en arrière par un réflexe dynamique ? Comme si quelqu’un venait tirer sur votre t-shirt dans la direction opposée ?
Ceci est un effet de nos fascias qui reviennent automatiquement dans leur position de prédilection.
Pour comprendre ce qui nous bloque réellement, la première chose à faire est d’observer si nous sommes freinés dans le sens opposé au mouvement (vers l’arrière dans une flexion avant par exemple) ou dans le sens du mouvement (par la rencontre d’un obstacle).
La résistance en tension
La tension caractérise la résistance des tissus à l’étirement, celle qui nous fait revenir en arrière dans notre exemple de la flexion avant. C’est l’un des effet rebond des fascias.
On accuse souvent les muscles d’être responsables de ce manque de souplesse mais en réalité, les responsabilités sont partagées :
- La peau résiste à hauteur de 2 %
- Les muscles 41 %
- Les tendons 10 %
- et les capsules articulaires 47 % –> nos incriminés fascias !!!
La raideur musculaire n’est pas le principal facteur qui limite le mouvement, en effet nos capsules articulaires sont le principal facteur limitant du mouvement.
Bonne nouvelle : la tension évolue avec le temps et avec la pratique.
“Tant qu’il y a de la tension, il y a de l’espoir “
Anonymous
Le deuxième frein : la compression
La compression apparait lorsque deux parties du corps rentrent en contact l’une avec l’autre, ce qui rend la poursuite du mouvement impossible. Ce frein apparait donc dans le sens du mouvement.
Prenons l’exemple de votre coude : tendez le bras sur le côté. Peut-il s’éloigner davantage de votre épaule ? La réponse est non. Qu’est-ce qui bloque ? Le cubitus heurte l’humérus et ne peux aller plus loin.
Il existe 3 types de compressions :
- La compression douce : chair contre chair. Elle correspond à une sensation souple, élastique. On peut la contourner à l’aide d’accessoires (ex: bloc pour surélever le bassin dans la pince assise)
- La compression intermédiaire : Chair contre os. Elle s’accompagne d’une sensation de pincement et de gêne.
- La compression dure : os contre os. Elle correspond a une sensation ferme et définitive. Dans ce cas il faut veiller à ne pas aller plus loin. C’est tout d’abord purement inutile et peut même provoquer des lésions.
L’appliquer à votre pratique
Maintenant que vous comprenez ce qui peut bloquer / entraver vos mouvements lors de votre pratique, il ne vous reste plus qu’à être le plus possible à l’écoute de votre corps pour déterminer d’où proviennent ces blocages.
Aussi lorsque vous pratiquez, oubliez ce que vous avez lu dans les livres, oubliez l’alignement parfait, les postures Instagram : ressentez.
Il n’y a pas une bonne façon d’exécuter une posture, chaque corps étant unique, chaque posture de yoga l’est aussi.
Réserve ta prochaine pratique ici.
Quelques ouvrages pour aller plus loin: